Dec 20
Athènes : la ministre de la Culture nomme un théologien à la place de l’ethnologue Vassilis Nitsiakos
Le théologien Michael Tritos a été nommé par la ministre de la culture Lina Mendoni président du conseil d’administration du Musée folklorique et ethnologique de Macédoine – Thrace (LEMM-TH) en remplacement du professeur démissionnaire de folklore social de l’université de Ioannina Vassilis Nitsiakos[1].
20.12.2021, par Alkis Kokkinos
Vassilis Nitsiakos, ainsi que 9 autres membres titulaires et suppléants du Conseil d’administration de la LEMM-TH (le vice-président Ioannis Manos, professeur associé à l’Université de Macédoine, la trésorière Eleni Kallimopoulou, professeur assistant à l’Université de Macédoine, les membres titulaires Eftichia Voutyra, professeur retraité à l’Université de Macédoine et Dimitris Arkoudis, avocat et les membres suppléants Eleftheria Deltatsou, professeur associé à l’Université de Thessalie, Vasiliki Kravva, professeur assistant à l’Université Démocrite de Thrace, Spyros Garouniati, économiste BSc-MSc-MPhil, Roxanne Kostatziki, avocate et Andreas Papoukidis, professeur d’éducation physique avec spécialisation en danse traditionnelle grecque) avaient présenté leur démission collective au début du mois d’octobre dernier.Dans leur lettre de démission adressée à la ministre de la Culture Lina Mendoni, les dix ont fait remarquer que pour eux “le but ultime d’un musée, en général, et du LEMMTH, en particulier, ne se limite pas à la simple collecte, conservation, classification et exposition d’objets ayant une signification artistique, historique, nationale ou ethnique”, car “un musée est un cadre de socialisation et un lieu de conversation avec les multiples dimensions du passé, activant les visiteurs dans la production participative de connaissances”.
Ils se sont plaints que “les décisions et le travail du Conseil ont été systématiquement sapés par des groupes préexistants au sein de la LEMMTH, ayant des liens avec le parti et l’idéologie, qui revendiquent pour eux-mêmes le rôle de gardiens patriotiques”. Invoquant prétentieusement le “caractère national” du musée, ils assument le rôle de validateur des attitudes des individus et des institutions et catégorisent les personnes et les actions en “patriotiques” et “non-patriotiques”, traitant le LEMMTH comme un “domaine réservé à la satisfaction d’intérêts personnels et collectifs”.
Les démissionnaires ont également souligné que leur démission a été faite pour préserver l’intégrité scientifique, académique et morale qui régit leur travail administratif et de recherche, ainsi que le prestige du LEMMTH en tant qu’institution publique, en concluant leur lettre par la phrase suivante : “Nous espérons que notre décision conduira à une révision radicale et à une révision des pratiques qui exposent le ministère de la Culture.”
Deux mois plus tard, la ministre de la culture, Lina Mendoni, non seulement ne procède pas “à un examen et à une révision radicale des pratiques qui exposent le ministère de la culture”, mais nomme le théologien Michael Tritos à la présidence du conseil d’administration de la LEMM-TH, professeur émérite du département de théologie pastorale et sociale de l’université Aristote, confirmant en substance les plaintes des anciens membres démissionnaires du conseil d’administration concernant le caractère et l’orientation que les dirigeants politiques actuels souhaitent donner à un musée comme le LEMM-TH
Publication d’origine en grec : https://kosmodromio.gr/2021/12/20/θεολόγο-αντί-εθνολόγου-διόρισε-η-λίνα/?fbclid=IwAR2Bo3bCXr98FOvd7V1_76JLj-XKmp2UNpB_IF6U_Dx6G2HDpDft2_fFJB0
[1] Auteur notamment de On the Border : Transborder Mobility, Ethnic Groups and Boundaries along the Albanian-Greek Frontier, V. Nitsiakos a publié “O lele”, un beau livre trilingue (aroumain-grec-anglais) accompagné d’un CD : http://www.armanami.org/blog/vasilis-nitsiakos-o-lele-carti-cu-cd-kira-mantsu/
Cf. aussi la note de Mariana Bara sur cet auteur : https://journals.openedition.org/balkanologie/2316?lang=en