Jan 27

Muscopuli (alb. Voskopojë, gr. Moschopolis)

Catégorie : admin @ 9:08 pm

Au départ zone de campement des bergers semi-nomades qui sillonnaient le Pinde et les environs avec leurs familles et leurs troupeaux, situé à une altitude de 1248 m, à 20 km de Korça, en Albanie, Voskopojë (Moschopolis en grec) a connu un développement urbain assez exceptionnel aux XVIIe et XVIIIe siècles. Une vingtaine de guildes (corporations) géraient ce puissant centre commercial, doté d’une académie et d’une imprimerie, et où, disait-on, tous les deux cents mètres il y avait une église ou une chapelle, érigées à une époque où selon la législation en vigueur (la charia) les chrétiens n’avaient pas le droit de construire de nouveaux lieux de culte. La chute de Voskopojë est attribuée aux exactions des bandes armées de l’arrière-pays commises avec la complicité de l’administration ottomane de la région, qui échappait de plus en plus au pouvoir central. En fait, c’est surtout de déclin brutal qu’il faut parler, déclin qui s’explique aussi par le rôle accru de l’axe Constantinople-Vienne, par voie terrestre, au détriment de l’axe Constantinople-Venise dont Voskopojë constituait un passage obligé. Certains de ses habitants vont d’ailleurs faire fortune en empruntant la nouvelle route du commerce entre l’Orient et l’Europe centrale et finir par s’installer dans les villes dépendant de la couronne des Habsbourg. D’autres vont fonder, également dans des anciens camps de bergers, de nouveaux centres commerciaux prospères dans la région, tels que Kruševo (1250 m) et Malovište (1300 m). Incendiée, pillée, désertée, la ville ne sera jamais complètement abandonnée et survivra jusqu’à nos jours sous la forme d’un modeste village.

Au XXe siècle, ses habitants, souvent des bergers ou anciens bergers, et les vestiges de la prospérité d’antan auront à subir de plein fouet les conséquences des combats pendant les deux guerres mondiales et des mesures arbitraires prises du temps d’Enver Hoxha. Aussi ceux qui se sont rendus sur les lieux après 1990 ont-ils dû être quelque peu surpris en constatant, outre les dégâts attendus, l’existence de traces d’une époque que l’on croyait enfouie à jamais. 5 des 26 églises qui s’élevaient dans la cité avant le siège et l’incendie de 1769 étaient encore visibles, avec leurs parois couverts de fresques aux couleurs vives et leur mobilier en bois polychrome, tandis que les fouilles même superficielles laissaient deviner la cohérence urbanistique du site (dans les champs on pouvait apercevoir par-ci par-là des tronçons de l’ancienne voirie, dallée de pierres blanches et bordées de trottoirs, de cette ville qui, au XVIIIe siècle, possédait déjà son réseau de collecte d’eau). Le danger provenait désormais surtout de l’instabilité du régime postcommuniste, de l’impuissance des pouvoirs publics, et de la modernisation sauvage, sur le plan de l’urbanisation et de la consommation par exemple.

C’est ce dont ont pris conscience en se rendant sur place en 2000 des membres de l’association Patrimoine sans frontières (PSF), présents dans le nord du pays, à Shkodra où ils participaient depuis 1994 à l’opération de sauvegarde de la collection de photographies du fonds Marubi. Les éditions Somogy viennent de publier un livre album qui retrace leur parcours, illustre leurs actions et les prolonge [1].
En lisant la contribution de Béatrice de Durfort, on réalise les innombrables difficultés auxquelles a été confrontée l’association dont elle est la présidente pour intervenir sur le terrain et la complexité des démarches pour obtenir les autorisations préalables et la participation des autorités locales et nationales (albanaises), le concours et les financements indispensables au montage financier de l’opération. La liste des ministères, directions, instituts spécialisés, organismes européens, fondations privées sollicités et mobilisés est impressionnante. B. de Durfort rapporte aussi des incidents, de petites histoires, qui en disent long sur l’imbroglio balkanique tel qu’il se donne à voir dans cette région du sud de l’Albanie. Pour honorer une promesse faite à leur mère, trois frères de la puissante famille Dulaku ont décidé d’entamer les travaux de réfection des dortoirs des moines du monastère Saint-Jean-Prodrome, dont l’église est le plus vieil édifice connu de la ville (1632) et qui constitue de nos jours un haut lieu de pèlerinage oecuménique. Ils voulaient se passer de l’autorisation de l’Institut des monuments de culture, organisme hérité de la période Hoxha qui avait « couvert » la dégradation voire la destruction de bien des monuments historiques. En effet, après la guerre, ces bâtiments conventuels avaient été utilisés comme caserne par l’armée puis détruits à son départ. L’institut ne pouvait pas délivrer le permis de construire sur la base du projet remis. Il n’avait pas non plus les moyens d’offrir une quelconque alternative. Pour sortir de l’impasse, PSF jouera les médiateurs et finira par obtenir la révision du projet et permettre le commencement des travaux.

Si, en raison de son isolement, Voskopojë n’a pas connu les destructions volontaires du patrimoine religieux observées ailleurs dans le pays, l’église Sainte-Parascève est tombée en ruine à cause de l’incurie et du stockage de produits chimiques et de denrées alimentaires pendant la période Hoxha. En juillet 2004, rapporte B. de Durfort, le patriarcat de Korça, qui par ailleurs faisait grief à l’Etat d’avoir détruit le patrimoine orthodoxe, était prêt à raser les restes de cette église pour en construire une autre flambant neuf. Il s’est heurté à l’opposition de l’Institut des monuments de culture qui invoquait la valeur de ces vestiges pour comprendre le site et l’histoire de Voskopojë [2].

Sur le terrain, PSF a impulsé dès l’été 2004 deux chantiers écoles animés par des équipes composées pour moitié de chercheurs et étudiants albanais. Des fouilles archéologiques furent entreprises sur les lieux où se trouvait jusque dans les années 1920 l’église Saint-Pierre (dans l’absence de plans son emplacement fut repéré grâce à la mémoire des habitants et à la toponymie) tandis qu’une partie des fresques de l’église Saint-Athanase, peintes en 1744-1745 par les frères Zografi, furent restaurées. Le compte rendu de ces chantiers est suivi dans le livre d’une présentation détaillée des fresques et d’une analyse de leur place dans l’art post-byzantin par l’historienne d’art allemande Karin Kirkhhainer. L’église Saint-Athanase fait l’objet de deux contributions portant, l’une, sur la représentation des textiles ottomans dans son décor (Delphine Mercier) et l’autre sur l’onomastique des Quarante Martyrs de Sébaste représentés par les frères Zografi (Maximilien Durand).

La publication de ce livre est annoncée comme un des volets du programme de PSF. Elle a été précédée par le documentaire « Il faut sauver Voskopojë » diffusé sur Arte le 10 septembre 2003 et par le reportage publié dans Le monde 2 daté du 3 septembre 2005 par Martine Valo sous le titre « Un petit coin de paradis en Albanie : Patrimoine sans frontières restaure une église en péril » ainsi que par plusieurs expositions présentant en France les actions en cours. Dans tous ces cas une même impression se dégage : l’intérêt pour les actions destinées à sauvegarder un bien patrimonial semble l’emporter sur l’intérêt pour le bien patrimonial lui-même. Autrement dit, le bien patrimonial sert en quelque sorte de faire valoir aux actions entreprises pour le préserver, actions dont le succès dépend de l’importance que l’on confère à ce bien patrimonial. Telle était d’ailleurs l’intention affichée par les promoteurs de l’opération et par ceux qui en ont rendu compte pour les encourager. Et c’est compréhensible : dans l’urgence, et urgence il y a, vu la dégradation accélérée de Voskopojë, il faut créer l’événement, et l’événement c’est une ONG qui, avec le concours de l’Europe, de ses commissions, de ses universités et de ses fondations, en partenariat avec les institutions albanaises, cherche à se donner les moyens pour limiter les dégâts. Une telle démarche appelle cependant quelques réserves.

Pour commencer, on fera remarquer que les fresques en cours de restauration présentent un intérêt certain, comme le montre l’étude de K. Kirkhhainer, mais somme toute limité, à moins de les envisager comme un élément parmi d’autres de tout un ensemble architectural et urbanistique, aujourd’hui disparu, et d’un site géographique dont les quelque 110 hectares étaient peuplés naguère par plus de dix mille habitants contre moins de mille aujourd’hui [3]. D’ailleurs, dans les deux autres contributions qui leurs sont consacrées, ces fresques constituent plutôt le points de départ (et d’arrivée) de développements et d’interprétations qui vont bien au-delà du sujet annoncé. La première consiste avant tout en une histoire, instructive au demeurant, du textile ottoman, tandis que l’auteur de la seconde procède à une reconstitution savante des références textuelles qui auraient influencé le traitement iconographique de la légende des Quarante Martyrs de Sébaste représentée sur les parois des églises Saint-Nicolas et Saint-Athanase. Une homélie de Basile de Césarée (330-379) fournirait, selon M. Durand, les clés nécessaires pour interpréter la disposition des martyrs dans le décor des églises de Voskopojë [4].

Les trois études convergent en signalant, dans leur conclusion, la présence à Voskopojë de riches classes marchandes, qui étaient en contact et sous l’influence à la fois de Constantinople et de Venise, arboraient de coûteuses étoffes réservées d’ordinaire aux élites musulmanes et faisaient appel à des artistes inspirés davantage par les prestigieuses sources athonites que par les traditions locales. Mais qui sont-ils donc ces gens qui ont investi le site, l’ont fait vivre dans une certaine opulence pendant plus d’un siècle pour l’abandonner ensuite ? D’où sortaient-ils, que sont-ils devenus ? Sur ce point, le lecteur reste sur sa faim. S’agissant d’un patrimoine à préserver, à réhabiliter, on ne saurait en rester là, à moins de se contenter d’informations à caractère général et de suggestions que chacun pourra interpréter à sa guise. Etymologiquement, patrimoine veut dire ” héritage du père ”, et, de toute façon, pour en savoir plus sur ce que l’on hérite il convient de regarder de plus près du côté de ceux dont on hérite, quand bien même le patrimoine en cause présente un intérêt universel.

Dans l’avant-propos de sa monographie sur l’imprimerie de Voskopojë, l’historien autrichien Max Demeter Peyfuss présente ainsi son sujet : “ des activités – intéressant également la slavistique – d’une imprimerie grecque, dans une ville aroumaine située dans l’actuelle Albanie à l’époque ottomane ” [5]. En effet, malgré la faible documentation dont on dispose, on peut établir avec certitude que les Aroumains constituaient le gros de la population la ville, composée également de familles bulgares, grecques et albanaises – chrétiennes mais pas musulmanes. Plus précisément, il s’agissait de la fraction de cette population d’éleveurs semi-nomades (parlant une langue issue du latin depuis l’administration romaine de la région) qui avait abandonné le pastoralisme pour se consacrer au transport (les caravanes), à l’artisanat, à l’industrie et surtout au commerce. Lingua franca du commerce en ce temps, le grec était utilisé dans les transactions (comme l’indique la correspondance retrouvée avec les marchands et les officiels de Venise, une des rares sources documentaires disponibles [6]) ainsi qu’à l’église et dans l’instruction. Les ouvrages à caractère religieux sortis de l’imprimerie portaient surtout sur les saints vénérés dans le monde slave et reflétaient surtout les positions du patriarcat d’Ohrid, qui avait pris ses distances par rapport au patriarcat oecuménique de Constantinople, raison pour laquelle il a été aboli en 1767.

La ville de Voskopojë, en aroumain Muscopuli, ne constitue pas à proprement parler un cas à part. A des altitudes similaires et d’un accès tout aussi difficile, d’autres bourgs prospères, que l’on appelle en grec villages métropolitains, furent fondés en Macédoine et dans l’Epire par des Aroumains, tel Metsovo (1160 m), en Grèce, qui connut un développement plus équilibré. Mais son essor tout aussi spectaculaire que sa chute lui vaudra d’entrer dans la légende et de faire l’objet d’un véritable culte chez les Aroumains. Elle est le point de départ et la référence privilégiée d’un travail et d’une réflexion entamés par plusieurs auteurs dès la fin du XVIIIe siècle sur la langue, l’histoire, les origines et la place des Aroumains parmi les autres peuples du Sud-Est européen. En 1770 paraît à Venise un livre contenant notamment un lexique grec-aroumain-albanais. Son auteur avait auparavant enseigné à la Nouvelle Académie de Voskopojë et fait paraître deux autres livres dans l’imprimerie de cette ville. En 1797, le responsable de la communauté grecque-orthodoxe de Poznan publie un abécédaire aroumain. Il se présente comme “ moskopolitain ” tandis que l’auteur, originaire de Monastir (aujourd’hui Bitola), de l’ouvrage sur l’histoire des Aroumains et de leurs rapports avec les Roumains paru en 1808 à Pest se donne comme titre Wallachus Voscopolitanus ex Macedonia. La première grammaire de l’aroumain paraît à Vienne en 1813. Assez précoce et en accord avec les idées circulant en ce temps en Europe centrale mais pas encore dans les Balkans, cette réflexion ne se traduira pas par l’affirmation d’un mouvement national structuré sur le terrain, malgré quelques tentatives entreprises sous l’égide de l’Etat roumain à la fin du XIXe siècle : la dispersion, la mobilité, mais aussi les liens étroits avec le monde grec, en sont les principales causes. Toujours est-il que ce comportement sur le plan national sera pour quelque chose dans l’image confuse que l’on se fait de Voskopojë et dans l’embarras qui en découle lorsqu’il s’agit de retracer son histoire.

Les Aroumains mis à part, à qui attribuer la “ paternité ” de Voskopojë ? Les candidats ne manquent pas. Le grec était la langue du commerce, de la culture, de l’Eglise. La ville s’est retrouvée à l’intérieur des frontières modernes de l’Albanie et l’arrière-pays était déjà peuplé surtout par les Albanais. Elle était proche du patriarcat d’Ohrid, référence historique de l’affirmation nationale des Bulgares puis des Macédoniens slaves. Les Turcs eux-mêmes, bien qu’ils n’y aient jamais habité, pourraient s’en réclamer puisqu’elle a connu son heure de gloire sous l’Empire ottoman. Le plus sage serait de rattacher la ville à l’histoire des uns et des autres, mais une telle conclusion ne saurait satisfaire aucun des discours nationaux ayant cours dans la région. S’agissant d’un fond commun balkanique dont le champ est étendu puisqu’il recouvre des questions aussi diverses que le café turc et les insurrections « mixtes » antiottomanes, la concurrence est rude, et chacun des discours nationaux s’en réclame comme si les autres n’existaient pas et n’émettaient pas des prétentions similaires. Enfin, pas plus que Voskopojë et ses richesses d’antan ne relèvent d’un quelconque mirage, comme pourraient le laisser entendre les légendes qui circulent dans la région à leur sujet, les Aroumains ne sauraient être tenus pour des fantômes errant dans les Balkans depuis la chute de « leur » Jérusalem. En effet, si leur poids a décliné et s’ils ne sont pas toujours faciles à identifier, les Aroumains sont toujours là. Lors de la dernière enquête en date, on estimait leur nombre à quelque 150.000 en Albanie et la moitié des habitants du village actuel de Voskopojë sont aroumains. Dohri Falo, interlocuteur apprécié des visiteurs étrangers et auteur de La Tragédie de Voskopojë, ouvrage paru récemment en albanais et en aroumain [7], en fait partie. Inoffensifs a priori sur le plan national, les Aroumains demeurent donc suffisamment présents pour porter ombrage aux revendications des autres. A quoi bon réveiller une histoire qui risque de fâcher ? Une telle objection peut sembler d’autant plus justifiée que le sud de l’Albanie, l’Epire du Nord selon les Grecs, demeure une région disputée. Mieux vaudrait donc mettre en sourdine les sujets litigieux et s’en tenir à un certain flou qui somme toute arrange la plupart des acteurs concernés, pourrait-on conclure.

Pourtant, Voskopojë embarrasse aussi pour une autre raison, plus profonde, rarement évoquée et pour cause. Par son essor et ses « performances » aux XVIIe-XVIIIe siècles, la ville constitue un moment emblématique dans l’histoire des Balkans. Elle préfigure, d’une part, les Temps modernes : développement du commerce, pénétration des rapports marchands, introduction des valeurs européennes, réalisations culturelles prestigieuses, accès, pour certains, à une prospérité et une respectabilité dont des pans entiers de la population étaient privés d’office du temps des rigueurs imposées par l’Etat théocratique ottoman. D’autre part, elle clôt toute une époque. En effet, les critères, les valeurs, les projets nationaux sont parfaitement absents à Voskopojë, comme dans les autres villages métropolitains de la région ou encore dans bien d’autres expériences novatrices que l’on enregistre pendant les derniers siècles de l’administration ottomane des Balkans. Ce n’est qu’un siècle après la chute de la « Mecque » des Aroumains que l’idée nationale s’imposera et finira par marquer la vision du monde et le comportement des habitants des Balkans. L’histoire qu’elle a marquée depuis a mobilisé bien des énergies sans tenir toujours ses promesses, surtout dans cette région, à en juger par le sous-développement et l’isolement qui l’ont caractérisée tout au long du XXe siècle. Rappeler les réalisations des habitants d’une ville comme Voskopojë, en reconstituer l’histoire, c’est dans un sens apporter un désaveu à cette histoire nationale, aujourd’hui soumise à rude épreuve. Source d’embarras et de tensions, dans un sens, l’histoire de Voskopojë peut aussi rassembler ne serait-ce qu’en rappelant des temps qui sont en quelque sorte de retour à l’heure de l’intégration européenne. Elle constitue un précédent qui permet d’ancrer dans un passé pas si lointain les dynamiques à venir. Le tout récent intérêt pour le patrimoine de Voskopojë, dont on ne peut que se féliciter, n’aurait pas à en pâtir, bien au contraire.

On ne saurait finir sur une note aussi optimiste. Principaux artisans de Voskopojë, les Aroumains pourraient se prévaloir d’une certaine légitimité en en revendiquant l’héritage dans la mesure où justement ils ne se sont pas constitués en nation. Mais, en attendant qu’une ONG accoure au chevet des ethnies menacées de disparition, ils exigent de plus en plus une place pour leur particularisme dans le patchwork balkanique. Or cela passe nécessairement par l’obtention de droits nationaux. A Korça, en octobre 2005, fut créé un Comité national aroumain qui revendique un statut à part et des droits spécifiques pour les Aroumains dans tous les pays des Balkans où ils vivent. Décidément, l’idée de nation a encore de beaux jours devant elle et on ne saurait trancher à la va-vite sur la question de savoir si l’héritage de Voskopojë est embarrassant ou non.

NOTES
[1] Patrimoine des Balkans : Voskopojë sans frontières, dir. Maximilien Durand, av.-pr. Geneviève Gallot ; publ. Patrimoine sans frontières, Paris, Somogy, 2005, 192 p.-XXIV pl., 35 euros.

[2] Id. p. 29-30 et 23. A contempler les immenses croix dont on a affublé les pics des montagnes en République de Macédoine ou la toute récente cathédrale érigée au cœur de Korça, dont les tourelles ont un petit air de Disneyland, on se dit que l’Eglise orthodoxe concurrence et sur leur propre terrain les wahhabites arrivés dans les Balkans à la faveur des conflits récents pour remettre sur le droit chemin leurs frères. En Bosnie, par exemple, ils ont fait raser de vieilles mosquées, classées monuments historiques, pour en construire de nouvelles plus imposantes et plus conformes à la pureté (supposée) de la foi dont ils se réclamaient.

[3] Voskopojë (emprise urbaine d’environ 110 hectares) compte de nos jours moins de mille habitants (9 habitants/hectare) contre quelque dix mille (90 à 100 habitants/hectare) il y a deux cent cinquante ans, selon Guillaume de Monfreid, l’architecte urbaniste conseil du projet PSF (id., p. 46).

[4] “ L’ensemble des Quarante Martyrs des églises de Voskopojë (…) s’impose en manière de paradigme hagiographique de la communauté des fidèles ”, conclut M. Durand, qui enseigne l’art byzantin et l’iconographie chrétienne à l’Ecole du Louvre et à l’INP (id., p.107).

[5] Die Drückerei von Moschopolis, 1731-1769 : Buchdruck und Heiligenverehrung in Erzbistum Achrida, Wiener Archiv für Geschichte des Slawentums und Osteuropas, Vienne, Cologne, Weimar, 1989, p. IX. [6] Valeriu Papahagi, Aromânii moscopoleni ?i comer ?ul vene ?ian în secolele al XVIIlea ?i al XVIIIlea, Bucarest, 1935. [7] Tragjedia e një qyteti, Korça, 1988 ; Trayedia ali Muscopuli, Tirana, 2002.

par Nicolas Trifon – les travaux de restauration en cours et la question de l’héritage

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