Dec 29
Nicolas Caracota : Les Armâns, un peuple régional très peu connu et parfois volontairement ignoré, dans une Europe en quête de son identité
« Aromânii, un popor regional foarte puțin cunoscut și uneori ignorat voluntar, într-o Europă în căutare de identitate » : acesta este titlul intervenției în franceză a lui Nicolas Caracota la seminarul organizat anul trecut de Centrul internațional pentru minorități Convivenza la Müstair, în Elveția, pe tema îmbunătățirii vieții și instituțiilor popoarelor autohtone fără stat propriu în Europa. 35 de experți din 15 țări europene, reprezentând o duzină de comunități culturale și lingvistice fără stat propriu au participat la seminar. Prinre aceste popoare autohtone/comunități culturale și lingvistice se numără și aromânii. Despre ei au intervenit, în afară de Nicolas Caracota, Kristo Goci, Florentina Costea si S. Bletsas. Actele seminarului au fost publicate în cartea apărută anul acesta cu titlul Innovation and Learning to Manage Diversity in Governance, Raoul Blindenbacher (ed.).
Lorsqu’on parle d’un sujet, quel qu’il soit, il faut bien définir et comprendre les expressions utilisées. Dans notre cas, il s’agit d’une population, c’est-à-dire de nous, qui sommes connus sous plusieurs noms: Armân, comme nous nous définissons nous- mêmes, Aroumain, mot entré dans l’usage au début de 20e siècle, après avoir remplacé l’appellatif «Roumains du sud du Danube», Macédo-roumain, utilisé notamment en France et en Roumanie mais pas seulement, Makedon-Armân, Vlach, confondu à tort avec le mot Valaque, notamment en France par ignorance et en Roumanie par intérêt, dont l’origine se trouve en Grèce, Tsântsar, en Serbie, Tchoban en Albanie, etc.
Quel que soit le nom utilisé, le mystère sur la signification ou l’origine reste entier, tant les interprétations sont contradictoires et confuses.
Le sujet préoccupe les chercheurs depuis presque deux siècles et malgré leur diversité de provenance, il est généralement admis que cette population intrigue par sa discrétion et par ses particularités.
Historiquement, nous pouvons identifier deux périodes où nous trouvons des sources qui s’occupent de nous, sans qu’on puisse prétendre qu’en partant de ces sources, on puisse établir de manière claire et précise l’origine et l’ancienneté de ce peuple.
La première période remonte au Xème ou XIème siècles, dans des sources byzantines, où l’appellatif est le mot «vlach/βλαχ», supposé utilisé par les grecs pour nommer cette population dite d’origine «latine», sans que cette affirmation tardive soit démontrée par des arguments linguistiques, puisque dans aucune de ces sources, on ne nous apprend rien de leur langue.
Nous devons toutefois rappeler que plus ancienne que les sources citées ci-dessus, il y a la chronographie de Théophane Le Confesseur, où, même si le nom «vlach» n’est pas écrit, une expression qui a fait beaucoup de bruit, a traversé les siècles et est très probablement à l’origine de la supposée origine latine de «vlachs». Il s’agit de la fameuse phrase prononcée par un combattant byzantin dans la bataille contre les Avars en 587, «torna, torna, fratre», considérée comme la langue vernaculaire de ce combattant et qui prouverait qu’une forme de langue latine était déjà parlée dans cette région des Balkans. Le rapprochement de ces deux mots de la langue latine, paraît un peu hâtive si on tient compte du Lexique Grec-Français de M de Mourcin, paru à Paris en 1832 à l’Imprimerie Auguste Delalain, où l’origine grecque de ces mots paraît tout à fait possible, voire beaucoup plus probable.
Toujours dans des sources byzantines, puis juives, slavonnes et plus tard catalanes, on apprend que les Vlahs habitent des larges territoires au nord de la Grèce et plus largement dans les montagnes des Balkans, étant capables à parcourir des longues distances, trois fois plus vite que tout autre habitant de la région. Cet aspect atteste sans aucun doute que ces Vlachs sont ici depuis longtemps, bien que nous n’eussions pas beaucoup d’informations sur leur langue, leur nombre et leur histoire.
Comme presque tous les peuples régionaux que nous connaissons aujourd’hui, les Vlachs, puisque sous ce nom que nous étions connus jusqu’au XIXème siècles, vivaient tranquillement en communauté avec d’autres peuples, sans se poser la question de quelle ethnie ils faisaient partie et s’ils avaient le droit de parler une langue à eux ou de préserver leurs coutumes. Tout se faisait naturellement et même si les informations qui les concernaient étaient parvenues par des sources étrangères, rarement étaient rapportées par eux-mêmes. D’où le mystère qui les accompagnait.
A partir du XIXème siècles et précédé par quelques canulards, jamais élucidés jusqu’à présent, le sort des Vlachs change et réussit à fracturer leur unité, ayant comme effet une polarisation autour des deux idées sur leur origine. La première idée, qui était acceptée par la majorité, considérait qu’ils étaient autochtones dans le nord de la Grèce et qu’ils sont culturellement Hellènes, bien qu’ils parlent une langue différente, sans se préoccuper de l’origine de cette langue. Une deuxième idée qui apparaît assez tardivement s’appuie sur l’hypothèse que leur langue pourrait être l’effet de la romanisation de l’ancienne population après la conquête de la Macédoine par les Romains en 168 avant Jésus Christ.
Cette deuxième idée, reprise par une petite minorité, se base sur des arguments strictement linguistiques qui n’ont jamais fait l’unanimité même dans les rangs des philologues, mais qui, néanmoins, a induit dans le mental collectif d’une catégorie de cette population, qu’elle puisse être d’origine romaine et par voie de conséquence non-grecque. C’est le moment, ou plutôt la période, ou les Vlachs se déchirent et bien que cette idée ne soit pas la seule cause, une dislocation des communautés entières commence à apparaitre.
La décomposition de l’empire Ottoman, qui caractérise le XIX siècles et notamment la fin du siècle, entraine dans son sillage l’implosion de cette communauté, fort capable à vivre dans un empire mais incapable à construire un état uniquement pour eux.
Coincés entre un Etat grec, lui aussi en quête d’agrandissement, mais trop frileux pour reconnaitre sa diversité et d’autres états naissants, les Vlachs, qui commencent à être revendiqués par la Roumanie, nouvel état, qui rêvait de ressusciter la Romanie, tombent dans leur propre piège et dans la confusion créée par les noms qui leur sont attribués, «macédo-roumains et aroumains», franchissent la dernière période de décomposition.
C’est ainsi qu’ils se trouvent aujourd’hui majoritairement, en Grèce, leur habitat historique naturel, mais cachés sous une étiquette dépourvue de contenu, en Albanie, où ils sont reconnus comme minorité, mais laissés sans moyens dans leur volonté de préserver leur langue et leur culture, en Macédoine de Nord, où ils sont reconnus comme peuple cofondateur de l’état, mais sans une aide réelle pour la promotion de leur langue et de leur culture, en Bulgarie ou en Serbie, où leur nombre est devenu insignifiant et en Roumanie qui constitue un cas à part.
En effet, la Roumanie, qui a mené une politique très intrusive depuis plus de 160 ans et qui a évolué d’une position fraternelle d’aide à une population proche mais différente, à une paternité étouffante, constitue la menace la plus importante pour l’assimilation accélérée des Vlachs/Macedo- Roumains/Aroumains, en Roumanie même, où ils sont considérés comme des Roumains, mais également dans tous les Balkans, où elle demande de manière officieuse que ce peuple soit déclaré minorité nationale roumaine. Prétention absurde mais insidieuse, qui bloque la normalisation et la reconnaissance des Vlachs/Armâns dans leurs pays d’origine, la Grèce, l’Albanie et la Macédoine de Nord.
Malgré les vicissitudes de l’histoire, comme nous l’avons évoqué ci-dessus, les Armâns, comme se définissent eux-mêmes, résistent et affirment une volonté farouche de continuer à parler leur langue et à conserver leur culture. Cloisonnés dans leurs pays d’origine pendant plus de 40 ans par le rideau de fer, imposé après la deuxième guerre mondiale, ils se sont redécouverts après la chute du mur de Berlin et ont obtenu la Recommandation 1333 du Conseil de l’Europe en 1997, qui reconnait leur langue et leur culture et demande à tous les états européens où ils résident, de les aider à conserver leur langue et leur culture.
Le chemin est encore long et semé d’embuches, car l’Europe avec toute sa volonté de protéger les minorités, est secouée par des crises incessantes la rendant inefficace et hésitante. Malgré les traités signés et même ratifiés par les états, leur application est toujours difficile à mettre en place, car manque de volonté de la part des états concernés et surtout la peur de perdre leur pouvoir et leur influence.
Est-ce que l’exemple des autres peuples régionaux qui s’affirment de plus en plus saura fortifier le futur des Armâns? Certainement oui, notamment si on prend en compte l’exemple suisse, où quatre langues cohabitent harmonieusement et prouvent que la diversité n’est pas un obstacle, mais un atout dans l’épanouissement de l’Europe.
Le séminaire de Val Mustaïr, organisé par la Fondation CONVIVENZA, constitue encore une fois un exemple à suivre et les Armâns sont très reconnaissants pour avoir été invités. Ils comptent dans l’avenir sur le peuple romanche et les autres peuples régionaux, dans leur combat pour préserver leur langue et leur culture.
Certainement, les Armâns doivent prendre acte que les autres peuples régionaux ont réussi dans leur survie, notamment parce qu’ils sont restés sur leur terre d’origine et ils n’ont jamais cessé de parler leur langue et de vivre leurs coutumes.
Toutefois la condition sine qua non de leur survie, reste leur fierté de représenter un peuple avec des valeurs dignes et leur volonté de conserver leur identité, leur langue et leur culture.
Sauront-ils trouver une solution se basant uniquement sur leur volonté d’affirmer leur identité et en évitant les effets contraires des états nations qui pratiquent une politique d’assimilation assumée? Le futur de l’Europe le dira plutôt ou plus tard, espérons-le avant que leur langue et leur culture ne disparaisse, comme c’est le cas de tant des langues et de cultures.
1 January 2023 à 12:21 am
L’identité est recherchée par ceux qui l’ont perdue, …. Les Ariméniens sont une ancienne race grecque, les autres sont soumis et rusés, …… par ceux qui vivent avec des illusions ………………..!
1 January 2023 à 2:36 pm
Adresa electronică inventată, numele autorului inventat… Este poate de întelés, nu se știe niciodata unde pot duce considerațiile privind “rasele” mai ales când ele sunt prezentate ca “supuse și șirete”.